SM.1. Deux mains positives noires et rouges (Salle des Mains)

Biblio: Octobon (1939) n° S.1 ; Beltrán et al. (1967) n° 47 ; Pailhaugue (1982) n°46 ; Gailli et al. (1984) n°43).

     Ces deux mains sont à peu près dans une disposition naturelle, celle de gauche étant une main gauche et celle de droite, une main droite, cette dernière étant légèrement plus haute que la gauche.
     La main gauche est actuellement à 1,70 m du sol, mais cette indication n'a pas de signification en raison des aménagements récents que le sol en forte pente a subis. Des graffiti anciens se trouvent maintenant à plus de 2m au-dessus du vide, ce qui montre que le sol a considérablement bougé. D'autres en revanche sont en partie masqués par du ciment.
     Le pilier stalagmitique est formé par la coalescence de nombreuses colonnes cylindriques et les mains sont localisées sur les partie les plus convexes de deux colonnes adjacentes et jointives. La conservation du pigments est très différente selon les endroits, car la paroi constamment humide subit un lessivage qui a provoqué des vermiculations.
     La main gauche est la mieux conservée. Le pouce, l'index et le majeur sont particulièrement nets. Il semble que cette main n'ait pas été exécutée en une seule opération consistant à appliquer la main enduite de colorant sur la paroi, mais résulte au contraire d'une succession complexes d'actions délibérées. Par exemple, si le bord externe de l'index et tout le contour du pouce apparaissent d'une grande netteté, c'est parce qu'ils sont cernés d'une mince bande claire. Comme la paroi n'est pas entamée, il ne s'agit ni d'une gravure, ni même d'un raclage. Il serait également difficile d'expliquer comment l'emploi d'un cache aurait provoqué cette bordure. Nous pensons plutôt à un essuyage postérieur destiné à enlever les coulures (en l'absence de clichés datant de la découverte, nous n'excluons pas qu'il puisse s'agir d'un acte relativement récent).
     D'autre part, les doigts, y compris le pouce, paraissent anormalement courts par rapport à la taille relativement grande de cette main. Cela doit s'expliquer par des retouches postérieures ayant comblé partiellement les espaces interdigitaux. En fait, il n'est même pas assuré que l'estampage d'une main naturelle soit à l'origine de cette représentation. Le pigment marron foncé semble très uniforme et donne l'impression d'une peinture appliquée dans une état très fluide.
     L'argument retenu par Bégouën en faveur de l'authenticité de ces mains était l'utilisation de deux pigments différents. En ce qui concerne la main gauche, c'est toute la bordure extérieure gauche qui semble avoir fait l'objet d'une superposition de pigment rouge, du poignet jusqu'à l'auriculaire. En fait, cet auriculaire rouge est surnuméraire, et constitue un sixième doigt, ce qui confirme qu'il y a bien eu modification d'une réalisation initiale.
     La main droite, moins bien conservée, n'apporte guère d'éléments nouveaux. L'auriculaire est pratiquement indiscernable. Une surcharge rouge est encore bien nette sur le pouce, mais des traces rouges diffuses sont visibles un peu partout, de sorte que l'appellation « mains noires aux pouces rouges » semble très exagérée.
     A noter que des graffiti au crayon rouge, remontant pour certains au 19e siècle, environnent toute la zone des mains. Le ruissellement a également provoqué des coulures et des vermiculations, mais aujourd'hui leur «effacement» ne permet plus de comprendre les phénomènes naturels qui se sont produits. Seule l'analyse physico-chimique permettrait d'être certain que les traces rouges sur les mains ne sont pas dues à ces graffiti.